mercredi 31 octobre 2012

Instant Soup

Depuis que les canards amerloques envoient des gus "réputés" faire du "reportage de guerre" avec des IPhones et leur cortège de petites applications, la cote de l'image sur Téléphone a encore explosé ... sur une mine. Oh ça va je déconne... Mais les professionnels restent encore largement prescripteurs sur ce marché et en vertu du nouveau concept: "Si un professionnel peut le faire, je peux le faire aussi", les petits doigts s'agitent à tous les coins de rue sur les écrans des équipements assemblés dans l'empire du milieu. En plus avec un peu de chance, il y a sûrement une appli "Gilet Pare-balle"... Finalement, on a rien trouvé de mieux qu'un professionnel comme caution d'un produit technologique pour le vendre (et accessoirement vendre des pages de pub pour l'IPhone5). Sauf que entre risquer de prendre une balle dans le cul et photographier sa copine à poil, il y a un monde. Attention, loin de moi l'idée de critiquer "Instagram" ou "Hipsmatic". Je compte moi-même des utilisateurs d'applications photo parmi mes bons amis (dont un noir). 
Non mais je veux dire: que le "New-York Times" envoie un "membre de la tribu" en reportage chez Foxconn, ça va pas être possible Si ? Non hein ... Dommage ... Toutes ces chaines de montage, ça pèterait un max avec l'appli "Shake it photo" et ses pseudo polas !
En fait, la seule question que je me pose, c'est qui va payer le milliard de dollars que Facebook a sorti pour acheter "Instagram" qui est si joliment gratuit et ne rapporte pas un fifrelin (c'est peut-être les actionnaires de FB qui ont déjà perdu 40% de leur mise ? Oh putain la loose !). C'est pas gratuit alors ??? Quoi ? J'ai pas compris, parce que je suis pas un ...  "membre de la tribe" ?
Mais ouais, c'est ça. Mais quand je ferai la prochaine pochette de Lady Gaga avec mon IPhone5 (que j'ai depuis sa sortie !). Tu la ramèneras moins là ! Ah ha ! Et même que si ça se trouve, je serais invité à la maison blanche par Barack Obama et je serai interviewé par Télérama (et David Abiker par téléphone) !

Frozen Piglet

C'est sympa ces soupes chinoises. Bon faut reconnaitre que le résultat ne ressemble pas à la photo de l'emballage. Encore un coup de ces salauds de photographes. Du moment que ça nourrit les pauvres, c'est le principal.

lundi 22 octobre 2012

Main Stream

De plus en plus souvent, au cours de reportagesj'entends des gens (que je ne connais pas et qui ne me connaissent pas) me dire quand on se croise dans un couloir: "De toute façon, on aura les photos ?... ". Parfois je me retourne pour voir s'ils parlent à quelqu'un d'autre. Mais c'est bien à moi qu'ils parlent. Ils repartent d'ailleurs sans même attendre ma réponse. Ce n'est plus une question, c'est une affirmation machinale. Pour ces mecs, cela va de soi. Mais qui désigne ce "On" exactement ?
C'est pourtant simple, ce "On" c'est presque tout le monde, c'est toi, c'est moi, c'est eux et leur concierge, c'est nous, c'est vous et en ce sens ces pauvres caves rejoignent sans le savoir la position défendue ardemment par certains "chercheurs en culture de l'image" qui militent pour la "libre circulation des oeuvres". Peu importe que ce brillant concept détruise justement toute velléité de création et nivelle tout par le bas. Car l'essentiel, c'est que les pygmées de Centrafrique puissent voir tes merdes sur Instagram. Comment il faut te le dire ! T'es con ou quoi ?? 
En même temps, ce qui est curieux, c'est que eux les chercheurs, vendent 200€ leurs bouquins sur "L'Histoire de la Photographie" (histoire dont ils ne font pas partie au demeurant). Mieux, ils mettent leurs petites photos en "droits réservés" sur FlickR pour empêcher les autres de les utiliser librement. Les universitaires ne font pas partie de ce fameux "On". Eux sont les détenteurs du "Savoir" (Ils ne le dispensent d'ailleurs que sur rendez-vous à certains privilégiés triés sur le volet, en buvant du café issu du commerce équitable) et toi pauvre andouille de photographe, tu n'es qu'une victime co-latérale  de plus, face à un grand dessein qui te dépasse. Alors tant pis pour toi si on détruit ton métier et qu'on te vole ton travail, si c'est pour le bien de la Culture.

Frozen Piglet

Quand vous êtes  confrontés à la violence idéologique sur Internet, n'oubliez pas que celle-ci est toujours l'expression masquée d'une forme de vulgarité (Frozen Piglet - Maitre de conférence à l'EHEPEC - Ecole des Hautes Etudes du Pâté en Croûte).




mercredi 17 octobre 2012

Qui qu'en veut des coups de poing dans les yeux ?



Finalement,
Est-ce que nous ne serions pas à la croisée des chemins ?

À droite (bien à droite), Abiker et son syndrome pernicieux: Il aura toujours la ressource de faire passer sa vacuité pour du second degré et il y a peu de chance qu'une balle vienne lui faire un deuxième trou du cul.
Mais est-il nécessaire de s'attarder sur rien ?

À gauche Pierre et son syndrome "Who cares ?": Je suis un jeune photographe, né avec Internet. Moi et quelques autres, nous faisons table rase du passé. Peu importe si c'est au détriment de tous. Le photojournalisme, c'est simple comme un billet d'avion et ça a le goût de la liberté.

Au bord de la route, les "déclinologues", qui en observateurs avisés t'expliquent doctement: Tout ça, c'est dans l'ordre des choses et cela ne pouvait plus durer cette comédie. Si ça se trouve, ce processus se traduira par une révolution culturelle et un enrichissement pour la collectivité à la fin. 
   
C'est marrant moi je connais des gens qui dépensent 2 000€ pour passer une semaine à l'étranger avec un photographe professionnel expérimenté (mais ces mot ont-ils encore un sens ?) pour (vous allez rire) apprendre à ne plus être l'esclave débile d'une machine et même pour progresser dans leur pratique de la photographie. Dingue non ?

Frozen Piglet


lundi 15 octobre 2012

Je veux des Likes !





Sur le Blog de David Abiker:
"Clic-clac et voilà ma 500e photo sur Instagram. Seurat, pointillisme, Hopper même,  elle a gagné des likes cette photo sur le réseau des apprentis photographes". C’est mon chef d’œuvre. Pas fait exprès. 500 photos via Instagram, le bon filtre et zou ! Tu peins comme un impressionniste et tu impressionnes tes followers. Oui, mais pas fait exprès. 
David Abiker est chroniqueur à Europe1 et Canal Plus. Il collabore aux magazines L’Express, GQ et Marie-Claire ... 

Je vous le livre tel que je l'ai reçu. C'est beau et touchant non ? 
Laissez lui un commentaire sur sa photo. Il sera tellement content David !

Frozen Piglet

Moi ? Moi je suis foudroyé en pensant que plus jamais, je ne regarderai mon portable de la même manière ... 
(NB: Je dédie ce post à André Gunthert qui a effacé tous ses commentaires sans explications)

Internet, c'est le vol

Je n'ai pas très envie de revenir sur les posts précédents qui ont occasionné à mon sens plus de mal que de bien. Est-ce de l'incompréhension ou des problèmes d'égo ? Les deux sans doute. Ce qui est sûr, c'est que je suis incroyablement surpris de voir que les gens qui siègent comme des pontes dans des conférences et des séminaires sur l'image méconnaissent à ce point les conséquences de l'utilisation non régulée (sauf dans leur tête) des photos sur internet. Il faut dire qu'à force de devenir spécialiste d'un truc de plus en plus pointu, on devient un spécialiste de rien.
Je men tape un peu, vu que quoi qu'il en soit, je continuerai à vivre ma petite vie minable de photographe inconnu et je finirai dans la misère sous les quolibets des mecs qui font des photos de couchers de soleil en raw compressé pour les mettre en CC sur le net (ou même de David Abiker). En même temps, j'ai besoin de clarifier certains points pour pouvoir passer à d'autres sujets beaucoup plus futiles et donc autrement plus passionnants (*).

1er point/ Vive la culture et le partage !
Les gens qui mettent des photos sur internet sous prétexte de "culture", de "partage", "d'information", de "réseaux sociaux", "d'expression artistique", de raconter leur "vacances", d'exposer leur "progéniture" ou de montrer leur "sexe épilé ou non", de récolter des awards sur FlickR (Ah ah ah !), de montrer comment se couche le soleil à Uluwatu ou leurs recettes de cupcakes, je m'en branle totalement, sauf quand c'est les miennes de photos ... Capish ?

2ème point/ Alors c'est quoi le problème ?
Le problème (dans mon cas) c'est l'atteinte aux droits qui s'attachent aux images (et aussi d'ailleurs aux personnes représentées !), grâce à la propagation virale d'un comportement malhonnête qui consiste à utiliser des photos sans se préoccuper de savoir si on a le droit de le faire. Et c'est bien la mise à disposition gratuite d'images et le principe de promouvoir (en plus !) leur utilisation qui dynamite le droit d'auteur pour la plus grande joie des diffuseurs. À partir du moment où des millions d'images sont gratuites, les barrières tombent et toutes les images deviennent gratuites pour tous les utilisateurs. Peu importe les restrictions imposées par ta petite licence de merde ! Si tu n'as pas compris ça, t'as rien compris ou tu ne veux pas comprendre, ce qui est très différent (dans le premier cas, t'es un crétin et dans le deuxième un connard avec un grand C. Hein ??? Ouais Connard).

3ème point/ Ah bon ? Et alors ?
Alors, si je vends une photo au site de l'Express et que je la retrouve dupliquée sur 25 autres sites (sans aucune mention de crédit en plus), ça me pose un problème. Je suis un professionnel et je vis de la vente de mes photos au cas où tu n'aurais pas saisi. Quand je retrouve plus de 1 500 photos dont je suis l'auteur sur Pinterest, le dernier réseau social en vogue en attendant le prochain, je me demande si c'est moi qui ai un problème. Quand je vois une de mes photos qui fait des petits 400 fois sur des pages Tumblr, dois-je prendre cela comme un hommage ou comme du foutage de gueule ?

4ème point/ T'as qu'à prendre un avocat !
Mais bien sûr ! Un avocat qui parle chinois et russe (pour les sites qui effacent mon copyright pour mettre le leur à la place), américain et japonais (pour ceux qui compilent les photos sur des plate-formes pour vendre de la pub) et français pour tout le reste. Si en plus, il maitrise le droit international et qu'il se fait payer au résultat, c'est parfait et je vais être riche, car je pense que j'ai entre 8 et 10 000 photos qui se baladent sur le net. Je crois qu'avec 300 ou 400 procédures dans une trentaine de pays, on devrait s'en sortir assez bien.

5ème point/ T'as qu'à pas mettre tes photos sur Internet ... C'est ça la culture numérique Baby !
Ah oui c'est vrai. Le partage ! Je n'y avais pas pensé. Je croyais qu'il fallait vivre avec son temps et savoir évoluer dans la pratique de son métier et comme les jeunes professionnels parfaitement intégrer l'utilisation de la culture numérique et des réseaux sociaux ... Je le fais et voilà le résultat. Bon mais l'important, c'est de partager n'est-ce pas ... Au fait, ils font comment les jeunes professionnels au fait de la culture numérique pour bouffer ? Ils bouffent peut-être des pixels ...

6ème point/ T'as pensé à changer de métier ?
Je t'emmerde

Frozen Piglet


(*) Comme: En 2013, vais-je enfin utiliser mes optiques Blad (60-100-180) montées sur mon Nikon, grâce à l'adaptateur que j'ai acheté un jour de déprime ?
Si j'ai une grosse rentrée d'argent, est-ce que j'aurai alors la chance de devenir un amateur avec un dos moyen-format de 80 millions de pixels pour produire en masse des photos de microstock en Lituanie ? (Ben quoi ?)
Si je croise Dolly Parton et que je lui demande de me montrer ses nichons, est-ce qu'elle va me dire: " Sure Honey !  I've waited all my life for this moment ! Will you take a picture on your I-Phone 5 with Instagram vintage filter ?"
Est-ce que je vivrais assez vieux pour voir Google, Facebook, FlickR, Tumblr, Pinterest et Twitter déposer le bilan, parce que ils n'auront pas su évoluer dans leur métier ?







samedi 13 octobre 2012

La Méprise

Moi j'aime bien les sociologues et les chercheurs, surtout ceux qui t'expliquent qu'il y a un passé et que toi pauvre idiot, tu n'as pas d'avenir. C'est en gros ce que fait André Gunthert sur le site "Culture Visuelle" dont il est le créateur. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les thèses développées par le Maître de conférence à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)sur le devenir de la photographie professionnelle sont radicales et très personnelles ("Il y a eu une photo avant les pros, elle continuera d'exister après. Pas forcément moins bonne ..." A.Gunthert). Alors forcément ça pique un peu avec les photographes (les vrais) et ça débouche sur des échanges un peu tendus, comme lors d'une conversation sur Twitter avec Sébastien Calvet (*) (photo-journaliste à Libération).  





On voit immédiatement qu'on ne parle pas de la même chose dans cet échange. Le chercheur parle de production d'images. Le photographe vit son métier dans une dimension inconnue du sociologue qui ravale lui la photographie à une activité manuelle et répétitive pour la déprécier (fabriquer du pain - ce qui est d'une absurdité profonde au passage, car la boulangerie est un métier d'une exigence rare. Mais André Gunthert doit avoir une machine à pain au fond d'un placard). Une manie qu'on retrouve chez tous les gens qui mettent les professionnels de l'image en accusation. Leur âge d'or est terminé, ils n'ont qu'à disparaitre, s'ils se révèlent incapables d'évoluer dans leurs pratiques dépassées. Outre cela, ils feraient bien de la fermer, car ils en ont bien profité les petits salauds. On constate par ailleurs que le discours est plus policé sur "Culture Visuelle" que dans les échanges sur Twitter (ou sur Facebook) ou l'instantanéité révèle plus clairement l'ambiguïté du discours en 140 caractères.

Bien entendu, ces écrits d'un universitaire chevronné remettant en cause toute la légitimité des photographes professionnels à exercer leur métier aujourd'hui est pain béni (joke) pour l'armada de petits artisans de la connerie globale. Ils trouvent là un allié objectif prestigieux et de quoi fourbir des armes pour venir à l'appui de leur  petit discours minable (enfin pour ceux qui savent lire).

Frozen Piglet

Je me souviens qu'en 2006, pour des raisons qui m'échappent encore, une bande de "squatteurs anarchistes" avaient investi l'EHESS et dégradé les lieux, les laissant complètement dévastés. Une personne avait réalisé un reportage complet sur les dégradations commises dans cette école. Cette personne, c'est un M. André Gunthert et le reportage est en ligne sur sa FlickR "ICI" et "ICI" avec 164 photos au total. Notez bien que toutes ses photos (celles-ci et les autres) sont sous la mention : "Tous Droits Réservés". Mais ça ne peut pas être le même !

NB: Et je vais arrêter là avec le site Culture Visuelle. J'ai du boulot

(*) L'échange complet de A.Gunthert avec S.Calvet figure "ICI" 
      Il s'agit d'un échange public sur Twitter. 
      Encore faut-il noter qu'il est amputé des messages d'autres
      intervenants qui ne partagent pas sans doute les hauteurs de vues échangées.
   

      



vendredi 12 octobre 2012

Jeu de cartes

La carte de presse, objet de tous les fantasmes est un bout de plastoc qui veut pas dire grand chose (À mon sens, au moins la moitié des mecs qui l'ont ne devrait pas l'avoir). Mais si tu l'as pas, ça aide pas vraiment dans ce métier. Donc vaut mieux l'avoir !
Pour les photographes intégrés dans les rédactions (comme en PQR), c'est fastoche. Le renouvellement de la carte est une formalité administrative devant la commission (CCIJP) effectuée par la rédaction du canard de façon collective. Pour les pigistes comme-moi c'est la merde et chaque année, c'est la même histoire. Faut se colleter avec le dossier et prouver que tu tires plus de 50% de tes ressources en piges presse (donc en salaire) et au minimum un demi-smic. Il y a 35 000 titulaires de la carte de presse en France et les photographes de presse sont moins de 3% dans cet effectif (-12% sur les 3 dernières années. Tu m'étonnes).
Quand on a la carte, on déduit 7 650 euros de son revenu imposable (revenu imposable, pas impôt tu saisis la différence ?). C'est ce qui fait qu'on parle de niche fiscale concernant les journalistes, ce qui me fait bien marrer. Dans mon cas, l'écart doit couvrir tout juste ce que je paye en TVA dans l'année, l'amortissement du matériel et les frais divers que je ne récupère pas. Donc je gagne que dalle, nada, rien ... Car si je n'avais pas la déduction, je passerais au réel et je déduirais tous ces frais de mes revenus comme tous les gens qui exercent une activité professionnelle individuelle. Mais ça veut aussi dire que dans ce cas-là je me ferais chier à tenir une comptabilité (le soir, après le boulot). Donc finalement, c'est surtout un gain de temps pour moi. Sinon, on rentre dans les musées nationaux gratos et au salon de l'auto sans payer (on a la classe ou on l'a pas). Ça tombe bien, j'y vais jamais.
Dans tout cela, le plus important est qu'on relève de la convention collective des journalistes et des dispositions du code du travail qui se rapportent à ce statut. Ça, c'est ce qui emmerde le plus les éditeurs de presse. Depuis des années, on est dans le collimateur, comme les secrétaires de rédaction, les maquettistes, les dessinateurs de presse (La nuit quand ils rêvent qu'on est tous auto-entrepreneurs et que le droit d'auteur et le salariat n'existent plus (sauf pour eux), les éditeurs ont le sourire aux lèvres avec un début d'érection).
À côté de ça, on doit faire face à l'armada de photographes qui dans les faits sont journalistes, mais ne sont jamais rentrés dans les critères d'attributions pour x raisons. Ceux-là, ils aimeraient bien aussi avoir une carte professionnelle à sortir sous le nez des autorités pour pouvoir travailler tranquilles. Ils devraient faire bien attention, parce que si on sort du statut de journaliste, on est morts ... Bof depuis le temps qu'on le dit. Ça va bien finir par arriver.

Frozen Piglet

Il y a probablement des gens qui vont me dire qu'ils s'en foutent de tout ça. Mais moi je m'en fous qu'ils s'en foutent. On est bien avancés.

jeudi 11 octobre 2012

D'un point de vue culturel et ta soeur

Quand on aborde le sujet de la photographie, on accorde rarement la parole aux professionnels. Et quand ils la prennent, on leur rit au nez dés qu'ils tentent de faire valoir leur point de vue et de partager leur expérience de ce métier. Il faut le comprendre, la photographie est une activité qui cristallise tellement de rêves refoulés et de frustrations qu'il est bien plus simple de laisser parler des gens très bien informés et frétillants d'intelligence (même s'ils ne véhiculent que des idées reçues et des banalités). C'est encore mieux si ces propos sont encadrés par des spécialistes des sciences humaines (auréolés de leur position d'enseignant), dissertant sur l'évolution de notre société selon un point de vue extrêmement personnel.

Au tout début, le malentendu vient du fait que beaucoup de ceux (pas tous heureusement) qui pratiquent la photographie comme un passe-temps ont du mal à avaler que quelques professionnels de plus en plus rares, soient payés pour faire des photos. Ça ça les dépasse et ça les trouble même énormément qu'on puisse être payé pour "appuyer sur un bouton" (la photographie se résume à un acte mécanique pour eux). Si on ajoute à cela le "matériel professionnel" qui les fait baver et qu'ils ont toutes les peines de monde à se l'offrir (Mais pourquoi faire Grands Dieux !). Leur conclusion tombe tel un couperet: les photographes professionnels en bloc sont des privilégiés (Car ils possèdent ce matériel et il sont payés pour s'en servir !) et en plus ils gagnent des sommes indignes. C'est con, mais en France les "privilégiés" finissent toujours avec la tête au bout d'une pique. Le corollaire qui suit est immanquablement: Il faut s'y faire, les anciens modèles sont dépassés et certains métiers vont disparaitre inéluctablement. Le métier de photographe fait partie de ceux-là. Ils l'ont décidé avec une certaine jubilation (1). En menant un "combat d'arrière-garde" contre toute évidence et une" croisade stérile" contre toute évolution de la pratique de la photographie, les professionnels s'accrochent à leurs privilèges comme des bigorneaux à leur rocher (Ce qui montre au passage qu'ils ont le QI d'un mollusque  ...). Les mots ont un sens et il s'agit bien de faire disparaitre une profession toute entière après une mise en accusation. Si en plus tu as la carte de presse, tu figures en tête de liste mon pote. Photographe et journaliste ? T'es pas syndicaliste et franc-maçon non plus ??

(1) À ce propos, sûrs de leur fait, ils citent souvent le métier de maréchal ferrant à l'appui de leur thèse. Ils pensent sans doute déprécier un peu plus le métier de photographe, en faisant référence à un travail manuel aujourd'hui disparu (on est plus au moyen âge !) qui nécessite un physique (pas de cerveau ?), qui se pratiquait dans la saleté (le charbon) et la chaleur (le feu et la sueur). Manque de pot, ce métier existe bel et bien. Il est magnifique et il continue à former des gens passionnés et super professionnels. Cette affirmation selon laquelle ce métier aurait disparu montre une fois de plus le peu de culture de ces gens égocentriques et étrangers au monde qui les entoure.

Ce discours iconoclaste est la conséquence de plusieurs phénomènes conjoints. Le numérique qui s'impose à tous avec le mythe empreint de naïveté de la photo gratuite, celle qui ne coûte rien (2) et Internet qui permet de montrer des photos (j'existe car je poste et j'ai même des commentaires). L'apothéose est atteinte quand des "opérateurs opportunistes" quels qu'ils soient se mettent à utiliser ces photos. Là les mecs pissent dans leur culotte de contentement et la conclusion s'impose: les professionnels ne servent à rien. Vous voyez bien ! Ils sont enfin démasqués, ces imposteurs avec leur rente de situation. Je fais les mêmes photos qu'eux et je suis meilleur car je suis gratuit en plus !  Les "idoles" sont enfin déboulonnées et va pouvoir les bruler dans un grand feu de joie.

(2) Bien entendu, rien n'est plus faux. Il suffit de voir le taux de renouvellement des appareils numériques s'accélérer pour ressembler bientôt à celle des téléphones, grâce à la course aux pixels. Comme le relevait judicieusement (pour une fois) Henri Gaux, on ne s'attendait pas à ce que Nikon et Canon soit les seuls vainqueurs de cette "course au rien".

Cet acharnement gratuit (lui aussi) contre notre profession dans sa globalité est assez fascinant de connerie. Même s'il s'inscrit dans une remise en cause générale dans notre société, de la perception du travail et de l'importance qu'on accorde aux compétences professionnelles. Il dénote aussi une méconnaissance du métier de photographe et de ses spécialités qui sont multiples et n'ont finalement en commun que l'utilisation d'une technique. Mais peu importe puisque beaucoup de pratiquants photographes sont meilleurs que nombre de professionnels d'opérette. Tels ceux qui sont mis en accusation par un intervenant très sûr de son fait sur le site "Cultures visuelles": 

"En quoi serait-ce une usurpation ? Parce que ces images (d'amateurs) sont chargées d’une portée émotionnelle avec lesquelles les vôtres (celles de professionnels) seront bien en peine de rivaliser ?"(passons sur la syntaxe foireuse ...)
Bon sang ! Mais c'est bien sûr ! les photographes professionnels n'ont pas d'âme non plus. Evidement, ils shootent en mode pognon !

Réjouissez-vous (tas de connards), tous les mauvais professionnels ont déjà changé de boulot ou pointent à Pole emploi (sauf les pistonnés) et c'est toi qui paye pour les indemniser triple andouille. Maintenant, on rentre dans le dur, on s'attaque au coeur même du vrai métier, alors que le renouvellement des générations est devenu impossible. Nous devons en plus faire face à la pression des jeunes professionnels prêts à travailler à n'importe quel prix. 

Beaucoup de gens se résignent et abandonnent le combat au prétexte qu'on ne peut s'opposer à un lame de fond qui balaye tout sur son passage. Pas moi. Je suis photographe, journaliste pigiste et syndiqué (en plus) et je gagne ma vie grâce à mon travail, même si les boulots que je fais ne correspondent pas toujours à ce que j'aimerais faire. Je suis ici chez moi et j'écris ce que je veux et je t'emmerde toi le mec qui se retrouve toujours entre mon sujet et mon 24-70 et qui n'a rien n'a y faire. Dégage ou je te casse les dents !


Frozen Piglet





jeudi 4 octobre 2012

Vrai fromage pour Fotolia

Ça fait un bail que je n'ai pas parlé de Fotolia, cet avatar du néo-libéralisme chauve d'école de commerce de bas étage. Sous prétexte de "démocratiser l'usage de la photo d'illustration", cette entreprise de destruction a été un des artisans consciencieux du laminage du marché de la photo professionnelle en France et dans beaucoup d'autres pays. À coup de contrats précaires créés dans l'est de l'Europe et de tarifs ridicules (0,15 centimes d'euro et à partir de 9 euros pour un affichage de pub 4x3m), Fotolia a même réussi à décrocher des 1er prix de vertus auprès de responsables politiques ignares. Mais ces gars-là aiment tellement remettre des trophées à des entreprises françaises tellement performantes, vous savez ... Et en plus c'est l'occasion de faire une photo ! Si Fotolia est française pour les trophées, Elle est américaine quand il s'agit du droit et  tout aussi serbe quand il s'agit d'emplois précaires ... (voir ici). Hier, je suis tombé dans le métro parisien sur ce 4x3 avec une photo d'illustration créditée Fotolia pour une campagne nationale pour un fromage d'Auvergne (ça explique tout). Une fausse chinoise avec de faux sushis à base de saumon d'élevage (nourri aux farines animales ?) pour un fromage AOP, qui signifie rappelons-le: "Appellation d'Origine Protégée". Trop marrant non ? Voici le modèle qu'on nous incite à déguster sans modération avec la mondialisation. Je m'en fous, je n'aime pas les fromages à pâtes persillées et en plus avec des sushis ... Beurk. Mais il y a peut-être une pub pour un fromage serbe avec une fausse française devant une Tour Eiffel en plastoc à Belgrade. Vas savoir ... 

Frozen Piglet


C'est marrant, je ne pensais pas que ce post provoquerait autant de réactions. Je me retrouve  à la une du site de FR3 Auvergne (un must !), où "l'affaire" fait grand bruit. Elle est commentée par un membre local de l'UPP (qui au passage reprend les même arguments que moi) et aussi sur le site du Cyber-Bougnat (un autre must !). Ce qui ne relevait au départ que de l'anecdote devient donc une affaire d'état (ben ouais quoi ?!). Même le directeur du Syndicat interprofessionnel de la Fourme d'Ambert s'en mêle. Si ça se trouve, on va aller jusqu'au Conseil d'Etat ma parole !

FP

En ce qui concerne la petite phrase que j'ai mise en accroche sur la colonne de droite de mon blog:
"La différence entre un professionnel et un amateur ?... L'amateur lui, il aime la photographie ..."
C'est une vanne ... Tu vois ce que c'est ou pas ? (et elle est de moi. Ouais je sais je suis trop fort !)

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